Après les attentats de Paris en novembre 2015 et l'état d'urgence qui a suivi, le débat public sur la vidéosurveillance urbaine a pris une autre dimension compte tenu des risques d'attaques terroristes qui pèsent sur le territoire français et européen et de la décision d'instaurer l'état d'urgence en France. En dépit de ces évènements tragiques et bouleversants, le débat reste animé entre les pros et les anti-vidéosurveillance.
Une politique de vidéosurveillance a été mise en France dès les années 1990 dans la région parisienne. Depuis, la vidéosurveillance s'est généralisée à tout le territoire français et les professionnels du secteur reconnaissent installer chaque année entre 25 et 30 000 nouveaux systèmes de vidéosurveillance. Une expansion qui n'est pas sans soulever de nombreuses questions d'ordre économique, éthique et juridique quant à la pertinence de la vidéosurveillance urbaine en matière de sécurité et de respect des libertés du citoyen.
Un coût exorbitant qui « plombe » les budget locaux selon Laurent Mucchielli
D'après Laurent Mucchielli, sociologue et directeur de recherches au CNRS, le développement de la vidéosurveillance urbaine est un gaspillage de l'argent public qui « plombe » les budgets locaux et diminue d'autant les autres budgets liés à la prévention. La ville de Saint-Étienne qui compte près de 180 000 habitants est équipée d'un système de vidéosurveillance. En additionnant le coût des caméras, de leur installation, de la maintenance, du centre de supervision urbain et de ses 28 agents, on totalise un investissement de 3 millions d'euros sur une période de 5 ans. À Grenoble, 160 000 habitants, le nouveau maire, Eric Piolle (EELV), a proposé la mise en vente des 18 caméras de vidéosurveillance de la ville (soit 700 000€), jugées trop coûteuses.
le must de la vidéosurveillance: le drome
Des résultats contestés en matière de sécurité publique
Les objectifs principaux de la vidéosurveillance sont la prévention de la criminalité et des actes de délinquance, l'amélioration de la sécurité routière, la sûreté des bâtiments publiques etc. auxquels s'ajoute le contrôle des infractions aux stationnements et au code de la route. Laurent Mucchielli fait une estimation approximative des résultats de la vidéosurveillance à Saint-Étienne en déclarant qu'elle a probablement permis de repérer entre 1 et 2% des crimes et délits que la police a poursuivi. Pour le sociologue, ce résultat, sans être nul, semble plus que modeste au regard d'un budget qui paraît, après coup, disproportionné. Une autre utilisation de la vidéosurveillance, beaucoup plus récente, concerne les contraventions liées au stationnement en ville. Le côté positif de cette pratique est de lutter contre l'incivisme et les infractions liées au code la route qui présentent de réels gênes et dangers pour la société. Le côté négatif, ce sont les verbalisations parfois excessives faites par des agents un peu trop zélés et soucieux de faire du chiffre avant tout autre préoccupation !