On en parle souvent, on est plein de bonnes intentions sur le sujet, mais dans la réalité on constate que les problèmes liés à l'accessibilité et à la mobilité des personnes handicapées demeurent un vrai casse-tête au quotidien pour celles-ci. Et pour s'en convaincre, il suffit de regarder les résultats d'un sondage publié par l'IFOP en 2014 : Un handicapé sur deux (52%) trouve que la situation n'a pas changé depuis les dix dernières années alors que seulement 39% des personnes valides et 32% des élus sont de cet avis. D'après les chiffres de l'INSEE, les personnes en fauteuil roulant auxquelles s'ajoutent les situations de déficit, visuel, auditif, mental, cognitif et autres représentent près de 10 millions de personnes.
Les carences en possibilités de déplacements des personnes handicapées empêchent souvent les accès à l'emploi, au logement, aux loisirs, aux démarches administratives, aux transports etc. et contribuent à accentuer l'isolement dont elles sont victimes.
Les problèmes liés à la mobilité compliquent les difficultés à trouver un emploi pour les personnes handicapées
En France, plus de 30% des personnes handicapées en âge de travailler sont au chômage contre 10% pour l'ensemble des actifs. Bien évidemment, les problèmes liés à la mobilité des personnes handicapées face à l'emploi (crise économique, préjugés des employeurs, faible mobilisation des partenaires sociaux, handicap) ne sont pas les seuls responsables de cette situation désastreuse mais ils y contribuent. Un lieu de travail sans rampe d'accès, sans ascenseur et sans ligne de transport en commun est, de facto, inaccessible à toute personne à mobilité réduite.
Les transports en commun publics : une amélioration constante
Il faut le reconnaître, l'accessibilité aux transports en commun urbains (bus, tramway, navettes) s'est considérablement amélioré ces dernières années dans les villes françaises. La plupart des bus et des tramways de dernière génération sont équipés de plancher bas qui permettent l'accès dans les véhicules aux personnes en fauteuil roulant. Les bus et stations de bus accessibles aux personnes handicapées sont par ailleurs très bien signalées. On peut malgré cela regretter deux choses :
- L'absence d'un service minimum des transports en commun les jours de grève et le 1er mai (à Nice)
- Le coût important des transports en commun privés pour les personnes à mobilité réduite qui bénéficient souvent d'une faible prise en charge
Les établissements recevant du public doivent être conformes à la loi du 11 février 2005 en matière d'accessibilité des personnes handicapées
La loi du 11 février 2005 prévoyait que tous les établissements recevant du public devaient être aux normes d'accessibilité pour les personnes handicapées au plus tard le 1er janvier 2015. Selon un article de Pierre Lelièvre du Figaro, seulement 40% des lieux publics étaient aménagés en juillet 2015 pour permettre l'accès aux personnes handicapées. Aujourd'hui, les lieux publics qui ne sont pas en conformité doivent déposer un « agenda d'accessibilité programmé » (Ad'ap) pour se mettre en conformité et éviter d'éventuelles sanctions pénales. Des dispositions qui ne satisfont pas les associations d'handicapés et de personnes âgées car les dossiers ne peuvent être traités en même temps par les préfectures, ce qui conduira à de nombreuses dérogations. Damien Birambeau, de l'association jaccede.com, regrette pour sa part « une méconnaissance de la société sur le handicap qui n'aide pas à une prise de conscience commune et présente le handicap comme un enjeu lointain. »
L'accessibilité des villes aux handicapés : les bons et les mauvais élèves
En 2014, l'Association des Paralysés de France publiait son baromètre de l'accessibilité en désignant les 10 premières villes et les 10 dernières de France en terme d'accessibilité des commerces, des lieux publics ou encore des transports en commun. Parmi les « championnes » on trouve aussi bien de grandes agglomérations telles que Grenoble (1ère), Nantes (2ème), Lyon (4ème), Rennes (7ème), que des villes moyennes comme Caen (3ème), Belfort (6ème) ou Epinal (8ème). Dans le clan des « perdantes » on ne trouve que des villes moyennes : Moulins (92ème), Evreux (93ème), Chaumont (94ème), Alençon (95ème) et Digne (96ème), cancre de la classe et bonne dernière, qui ferme la marche.
Handicapé(e)s ou valides, nous suivons tous le même chemin
En France, si on ajoute aux handicapés, les personnes âgées valides de plus de 75 ans et les femmes enceintes, on obtient un total de près de 15 millions de personnes pour lesquelles l'accessibilité et la mobilité en zone urbaine sont des problèmes à gérer au quotidien. Sur un plan structurel, législatif et financier, les choses évoluent positivement malgré une relative lenteur. En revanche, sur le plan de la pédagogie, de l'éducation et de la conscience collective, il reste beaucoup à faire, à commencer par le respect envers les plus vulnérables et par l'apprentissage des comportements sociaux positifs.
Nota : Il existe des guides d'accessibilité aux lieux publics pour les personnes handicapées dans chaque ville. Renseignez-vous auprès des mairies ou des offices de tourisme.