La situation est paradoxale, la France, avec 220 000 praticiens, n'a jamais compté autant de médecins sur son sol. Et pourtant, certaines régions souffrent d'une offre médicale insuffisante et cette situation ne semble pas près de s'améliorer. La cause de cette problématique est essentiellement due à une mauvaise répartition du corps médical sur le territoire national où certaines régions sont de véritables déserts médicaux, en particulier pour les médecins spécialisés (gériatres, gynécologues, pédiatres, cardiologues etc.).
Les ruraux et les personnes âgées sont les plus touchés
De fait, les personnes âgées résidant en milieu rural, sont les plus touchées par ce phénomène qui s'accentue d'années en années. Des délais d'attente très longs, des renoncements aux soins non urgents, des décès prématurés à cause d'interventions tardives...la vie dans nos campagnes devient de plus en plus compliquée lorsque l'on prend de l'âge et que le bon docteur d'autrefois est inscrit aux abonnés absents.
Docteur en médecine : une profession en perte de vocation ?
Parmi les 220 000 médecins, généralistes ou spécialistes, qui exercent en France, 65 000 ont atteint ou dépassé l'âge de la retraite. Sans eux, la situation serait encore plus catastrophique dans nos campagnes où les jeunes, fraîchement diplômés de la faculté de médecine, rechignent à s'installer. Les études montrent également une baisse sensible du nombre de praticiens dans le futur, notamment pour les généralistes. Une crise des vocations qui ne fait qu'accentuer les difficultés actuelles.
Disparités médicales : le Centre et la Picardie les plus touchés
En observant la carte de l'Atlas de la démographie médicale en France, on s'aperçoit que les déserts médicaux sont accentués sur deux secteurs géographiques très vastes : la Picardie au Nord et l'hyper Centre de la France, excepté les régions très urbanisées de Tours et Clermond-Ferrand. On constate également que les plus fortes densités de médecins au niveau de l'Hexagone se situent exclusivement dans les vingt plus grandes agglomérations, Paris, Grenoble, Montpellier, Marseille, Lille, Strasbourg, Bordeaux, Toulouse ou encore Nice qui bénéficient toutes de la proximité d'un centre hospitalier universitaire.
Que faire face à une telle situation ?
Les sénateurs estiment que les mesures incitatives prises (allègements des charges, aides à l'installation...) n'ont pas eu d'effets décisifs pour attirer les médecins dans les communes rurales. Ils préconisent donc des dispositifs plus « volontaires » en excluant, par exemple, les médecins qui s'installeraient dans des zones déjà suffisamment pourvues. À l'opposé, Michel Chassang, le Président du CSMF, principal syndicat de médecins en France, dénonce les mesures coercitives à l'installation qui ne feront qu'inciter les jeunes à délaisser la médecine libérale en choisissant le salariat. Le serpent d'Hippocrate, en somme, qui se mord la queue.